Accompagner un être cher…

Lorsque je reviens d’un soin merveilleux, je suis en état d’introspection et de réceptivité.  Je suis habitée d’un grand désir de laisser libre cours à ma créativité. Remplie de gratitude, je flotte dans la béatitude de mon âme qui désire sincèrement contribuer.  J’aime toucher le cœur des gens en laissant couler ma plume dans l’océan de mes senties profonds.  Aux petites heures du matin, j’ai laissé couler ce flot et je me suis laissé transporter.  J’ai choisi d’élaborer sur un sujet délicat.  Accompagner un être cher.  Ce n’est pas toujours évident d’élaborer sur  la vie qui coule et nous plonge au cœur de sa dualité: LA MORT. 

Je vous partage en toute humilité ma propre expérience pour vous inspirer et qui sait, faire naître en vous une réflexion sur le sens profond de votre propre vie.

Accompagner un être cher….un privilège…

J’ai eu le privilège d’accompagner un être cher vers la mort. Il peut vous apparaître étrange de me voir utiliser le mot privilège, mais je vous assure, qu’en ce qui me concerne, c’est le terme le plus approprié.

J’en ai retiré des perles de sagesse et un savoir-être qui teintent depuis, ma manière d’être en relation avec les autres. J’ai appris l’importance de célébrer ma vie. Pour y arriver, j’ai dû tenir une profonde réflexion sur la mort en compagnie de mon soi adulte et de ce petit enfant, nanti en moi lorsque j’ai perdu mon ange, mon guide, ma mère.

L’apprentissage le plus riche pour m’aider à marcher sur le chemin de la plus belle version de qui je suis présentement, fut également le plus souffrant.  Cette grande leçon du DÉTACHEMENT si difficile à assimiler, a influencé considérablement le cours de mon existence.  

Comme la maman oiseau qui pousse du bec son bébé oisillon en bas du nid pour qu’il arrive à ouvrir ses ailes et voler, je fus poussée hors de ma zone de confort pour arriver à faire l’expérience de ce que je suis profondément. 

Cette expérience a forgé ma sensibilité, m’a amené à me déployer en tant qu’humaine et a fait germer des valeurs inestimables et profondes qui imprègnent maintenant mes semences et créations.

Enseigner la vie jusqu’à son dernier souffle…. 

Je me suis retrouvée dans un monde complètement déroutant. Quel étonnement de constater qu’une chose aussi incontournable que la mort ne soit pas mieux préparée.  Ça m’a profondément bouleversée et m’est venu le désir d’y faire une différence.

Au-delà des pré-arrangements funéraires que nous préparons à l’avance pour ne pas embarrasser nos proches, et outre les blagues parfois un peu lugubres sur le sujet de ce que nous vaudrons une fois devenu mort, avouez que nous rions tout de même un peu jaune !

C’est comme si nous vivions sans vouloir vraiment élaborer sur le sujet ! Nous sommes convaincus qu’en parlant de la mort, nous allons disparaître, nous volatiliser ou mourir tout simplement plus rapidement ! C’est ridicule, avouez !

Accompagner ma mère me demanda d’aller puiser des ressources d’accompagnement par le biais de mon amour des livres afin de soutenir au maximum celle qui m’avait bercée de tant de tendresse.

J’ai eu beau préparer mon mental par anticipation, j’ai fini par comprendre que seul mon cœur et ma foi pouvaient me guider pour accompagner. La petite grande fille que j’étais devenue a donc mis de côté sa peine, sa tristesse et ses peurs afin de maximiser qualité de présence et don de soi, en implorant tout de même un peu l’Univers de lui donner cette capacité de goûter à cette sensation de temps qui s’étire afin d’avoir un sursis, une trêve afin d’emplir et me faire remplir d’amour par l’âme soleil qu’était ma mère.

Cette peur de solitude…

Ce qui fut le plus difficile pour moi à ce moment, c’était le sentiment d’impuissance à la voir souffrir. J’ai compris que la douleur ressentie par mon impuissance à la voir souffrir était égale à la souffrance qu’elle ressentait à me voir souffrir d’impuissance.

Ma douce maman est restée 7 mois à l’hôpital avant de mourir !   J’ai donc passé mon « BAC » en observation et sensibilité. 

J’ai côtoyé chez les gens cette peur de solitude qui peut les envahir et j’en ai découvert une expression encore plus élevée, la peur d’être esseulé.  Étant dans lequel on se retrouve quand il n’y a plus personne autour de nous pour nous accompagner et nous tenir la main.  

Ça me déchirait le cœur de voir tous ces gens seuls à la finalité de leur vie.  Certains me confiaient avoir des enfants et petits-enfants qu’ils n’avaient pas vus depuis des années.  J’aurai aimé trouver une solution pour eux.  Je me disais également que ma mère devait absorber, tout comme moi, les énergies d’anxiété de ces personnes esseulées.

Faire une promesse…

J’en aidais quelques-uns et j’allais parfois tenir des mains. Je réalisais également que j’étais moi-même en train d’enseigner puisque je faisais participer mes enfants qui m’accompagnaient. Je revêtais mon plus beau sourire malgré mon chagrin et j’écoutais les histoires et confidences. Je sais que j’étais en train de rassurer également ma mère sur l’importance de l’héritage qu’elle me léguait.  Elle assistait de son petit lit d’hôpital au spectacle de mon âme en plein service et c’est comme si j’entendais son âme dire à la mienne:  je suis si fière de toi ma fille… 

J’ai rencontré des gens merveilleux, courageux, qui face à une situation où la mort était inévitable, laissait tomber leurs masques et laissait leurs âmes se dévoiler sans détour et sans pudeur. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de passer du temps avec la beauté des âmes qui se manifestent dans toute leur pureté, j’avais ce privilège.

J’ai choisi de poursuivre  dans ce domaine et d’accompagner afin de soulager la souffrance humaine.  J’ai même prononcé solennellement le serment d’Hippocrate la main sur le cœur !

Prononcer un serment, c’est faire une promesse à la vie et je compte bien la tenir.  Je souhaite sincèrement y faire honneur et le respecter pour le reste de ma vie ce serment. Peu importe le moyen que j’utiliserai pour apaiser et soulager mes semblables.

Ce fut vraiment une expérience unique et enrichissante pour moi.  Un point culminant de mon existence.  J’en ai appris davantage sur le sens et la profondeur de ma propre vie.

Tellement de personnes souffrent d’anxiété !  Particulièrement face à la mort. Les gorges se nouent à l’approche du grand saut vers l’inconnu. Je me suis souvent demandé si ce serrement de gorge ne nous provenait pas de la sécheresse de notre relation avec la vie ! Et cette grande source d’amour qui devrait tous nous unir à nos proches, n’était-elle pas tarie par notre soif de pouvoir, de domination et de bien matériels ?

Dans ce type de moment, les émotions se côtoient et s’entrechoquent.  Malgré cela, on se doit d’accueillir la mort avec respect et la reconnaître comme faisant partie intégrante de la vie. 

Je suis désolée de vous l’apprendre maintenant, mais nous n’avons absolument aucune forme de contrôle sur cette finalité à laquelle nous sommes tous confrontés.  Si une chose est certaine, c’est que nous sommes tous mourant.  Un jour oû l’autre, nous traverserons le passage.

Comprendre le sens complexe de ce passage risque de nous amener à nous buter à un silence qui ne peut être comblé que par la foi en quelque chose de beaucoup plus grand. Il existe un grand plan que nous ne sommes peut-être pas en mesure de comprendre maintenant avec notre simple conscience ordinaire, mais il existe bel et bien et il est bien-là.

Je crois que le plus grand défi lorsqu’on accompagne une personne est de garder un regard lucide sur celle-ci. Les mourants, sont grandement diminués physiquement.  Il faut alors être conscient de la personne dans sa totalité.  Ce corps physique malade est aussi celui d’un être qui a été jeune, qui a été fort et qui a vécu.

Un cadeau inestimable…toujours avec elle…. 

Personnellement, je suis très fière d’avoir confectionné un cadeau rempli d’amour et de lumière pour relever ce défi d’aider les autres à voir au-delà.  Je l’ai fais pour que chaque personne qui aurait à approcher ou côtoyer ma mère comprenne qu’elle était plus qu’une vieille dame rongée par le cancer. 

Je trouvais insupportable qu’on pose un regard sur ma douce maman comme si elle n’était qu’une vieille femme qui allait mourrir.  Je voulais qu’on la voit comme moi je l’avais vue toute ma vie : une Grande Dame avec un grand G et un grand D ! 

Je voulais qu’on voit son essence au-delà de ce corps abîmé.   Je voulais qu’on voit la belle femme qu’elle avait été, la mère exceptionnelle qu’elle était et serait éternellement. 

 Je voulais qu’on voit la grand-mère merveilleuse pour ses petits enfants.  L’artiste  peintre talentueuse.  Cette femme bonne et dévouée, qui avait fait toute la différence dans la vie des siens et même dans celle des autres.  Elle avait eu droit au chapitre et j’estimais grandement qu’elle était en droit de le conserver jusqu’à son dernier souffle.

Pour son 78e anniversaire, j’ai imprimé sur du papier transfert sur tissu, des centaines de photographies représentant sa vie entière que j’ai ensuite transféré sur une couverture en les repassant une à une . 144 photographies représentant sa vie, sa famille, ses enfants, ses oeuvres et ses créativités.  Je voulais qu’elle sente qu’on était toujours présents avec elle, même la nuit et que nous pouvions l’envelopper et la réconforter sur son lit d’hôpital même quand nous n’y étions pas.  J’y ai même eu en directe de l’Univers un message important que je partage depuis peu dans une conférence intitulé : avec les yeux du coeur…

Accompagner un être cher…. 

Accompagner un être cher m’a permis d’élever ma conscience au-delà de ma petite importance. J’ai saisi que si je n’avais pas de lumière en moi pour contribuer au monde qui m’entoure, j’aurai peur, le moment venu, d’avancer vers la mort parce que je serai habitée d’une impression d’avancer dans le noir.

J’ai compris l’importance de me remplir de lumière par mes actions quotidiennes parce que ce plein de lumière me guide également et me dit quoi faire afin de rendre ma vie utile et saura éclairer le pavé lorsque mon tour viendra de franchir ce passage.

Réfléchissez-y ! Il serait bien triste, une fois sur votre lit de mort, de regretter de n’avoir rien fait et de vous sentir insatisfait d’avoir vécu une vie mal remplie.

N’oubliez pas ! L’âge auquel on meurt n’est qu’un chiffre.  J’ai vu des gens se laisser mourir à 25 ans malgré qu’ils n’aient été enterré qu’à 80 alors que d’autres n’ont pas encore disparu même s’ils ont été enterré il y a longtemps !

Retenez que les gens qui approchent de la mort avec le plus de sérénité sont ceux qui ont vécu avec le plus d’intensité et de certitudes intérieures.  Ils ont appris, au contact de la vie, qu’une force plus grande qu’eux les attendait de l’autre côté !

Boire à la source de la vie nous enlève la crainte de traverser le fleuve de la mort. 

N’attendez plus un seul instant pour vous abreuver.  Manifestez toute la beauté de la lumière qui coule en vous.  Nous sommes privilégiés d’être en vie et de jouer dans ce grand jeu qu’est la vie.  Célébrez la vie qui se manifeste.  Oubliez les différents et les disputes inutiles qui vous séparent des vôtres.  Pardonnez, aimez, même vos ennemis.  Souriez entre vous, prenez le temps de vous visiter ! La vie a une date d’expiration.

Remplissez-vous de lumière : de joie, d’amour, de passion, d’humour, de découverte, de tout ce qui vous élève. Ce tout sera le plus puissant antidote à l’anxiété du grand saut et cela vous donnera l’énergie nécessaire pour le réaliser plus facilement.

JUST BE  !