Pourquoi rester confiné
Nos différences, loin de nous léser doivent nous enrichir. Si les contraires « s’attirent », alors pourquoi nous nous battons sur nos différences ? Nous sommes faits d’une multitude d’influences. Nous avons été construits par tout ce qui nous a précédé qui fut gardé dans nos gènes, parce que nous avons vécu dans le ventre de nos mères, dans tous les bruits qui ont peuplés notre enfance, de tous les mots qu’on a pu entendre, de tous les comportements assimilés dans l’enfance.
Aujourd’hui encore, chaque seconde apporte une nouvelle pierre à l’édifice qu’est notre vie. On se consolide, on répare les brèches, on s’embellit toujours et encore, on marche constamment vers une nouvelle version évolutive de nous-même. Ces apports sont de toutes sortes. Qu’ils émanent de peurs, de cris, d’images cruelles, de froid, de faim, d’abandon ou d’apports plus rayonnants comme la chaleur, la bonté, les regards aimants pouvant être posés sur nous, la caresse de la main de notre mère, les voix, le réconfort, le miracle est que notre être, assemblé de toutes ces incidences, reste unique, original, éminemment personnel. Il l’est sans nul doute d’autant plus qu’il aura été enrichi de toutes ces alluvions déposées sur les pentes du volcan de notre vie.
Des détails de la vie quotidienne, à première vue nous apparaissant anodins, nous marquent à jamais. Je me souviens de mes quatre ans, ou un policier me conduisant d’urgence à l’hôpital, s’appliquait à me parler pour faire disparaître ma peur de la douleur et de l’accident qui venait tout juste de se produire. Ce policier a marqué à jamais l’image que je me fais des policiers et je serai toujours reconnaissante de son attitude, parce que je me souviens de l’angoisse qui émanait de ma mère qui n’arrêtait pas de pleurer.
Je me souviens également, lorsque j’avais sept ans, d’un directeur d’école, venue visiter notre classe qui m’avait grandement terrorisé par son attitude face aux petits garçons de ma classe étant un peu agité. Lui aussi avait marqué mon impression face à l’autorité.
Je me souviens de mes treize ans, ou la mère d’une bonne amie à moi, m’avait encouragé à écrire puisqu’elle décelait du talent dans un devoir que j’avais fait pour sa fille. Elle a contribué à faire de moi cette passionnée des mots, de l’expression écrite, de la créativité.
Toute la beauté et la richesse du monde proviennent des différences. Sans elles, le monde sombrerait dans la monotonie et il périrait d’ennuie. Les différences font la valeur de chacun. Pour celui qui n’en a pas peur, les différences ne divisent pas elles confirment et rendent possible l’expérience de l’unicité dans la diversité. Je pense que toute la beauté du monde réside dans la différence qui permet à Dieu, par personne ou par réalité interposée, de connaître des aspects nouveaux ou inédits de lui-même. Ne sommes nous pas tous parcelles du divin ? Si nous étions tous semblables, comment Dieu pourrait expérimenter alors la matière ?
On dit que les êtres humains se ressemblent suffisamment pour se comprendre mais qu’ils sont assez différents pour continuer à s’aimer. Que chacun détienne ses propres croyances et ses pulsions, sa manière de chercher à se connaître, il a le droit de trouver sa place et de l’occuper pleinement, même si cela dérange les autres. Il n’en reste pas moins qu’on paie parfois très cher le fait de ne pas vouloir être comme tout le monde.
Je pense que suivre la voie d’un autre nous fait rester derrière quelqu’un. Rester derrière ne nous permet pas d’accéder à notre propre place et à libérer notre plein potentiel. On ne gagne rien à reproduire ce qu’un autre est ou fait. On ne grandit qu’à exprimer ce qu’on porte personnellement en soi. Qui aimerait être la caricature d’un autre ? Il est si important de répondre à son appel intérieur, à ses aspirations profondes, propres et uniques. L’originalité se cache, car elle a peur d’apparaître au grand jour. À mon humble avis, il vaut mieux échouer d’originalité que de réussir en imitant.
Un arbre ne comporte pas une seule feuille qui soit semblable à une autre, ce qui n’empêche pas qu’avec un peu de recul, on lui trouve une grande harmonie et une grande beauté. C’est par elle que les êtres humains engendrent ensemble un monde diversifié, varié, étonnamment emballant, ravissant, merveilleux, délectable. À bien y penser, n’apprécier que ce qui ressemble à soi, ce n’est pas aimer, c’est tenter de se protéger contre une présumée menace potentielle qui pourrait nous tirer de notre zone de confort.
L’amour fait passer de la crainte, source d’hostilité, à l’acceptation inconditionnelle, qui favorise l’unité. Il apprend que, dans sa divergence, l’autre est d’égale dignité à la sienne, d’où il mérite accueil et respect. Il amène à cesser de se méfier de ce qui est étrange ou étranger, mais qui ne fait que révéler la diversité de la réalité divine, qui est une. Car, à bien y penser, si l’autre est apparemment différent de soi, on est, du coup, différent de lui, ce qui lui donnerait autant de raison de retourner l’attitude avec laquelle on l’aborde ou d’adopter un comportement identique au nôtre.
Et si nous mettions en commun ce que nous avons de meilleur en nous et nous nous enrichissions de nos mutuelles différences ? Aujourd’hui, qu’elle partie de mon moi profond je peux être et offrir à ce monde afin de partager mon unicité.
JUST BE ! 💙💙💙
Et le monde s’ajustera !