Je ne suis pas vraiment libre
Cette citation de Nelson Mandela est si profonde, si importante. La majorité d’entre nous ne nous sentons pas concernés personnellement. Pour la plupart, nous n’avons jamais placé personne derrières les barreaux. Après tout, nous ne travaillons pas dans une prison !
Et pourtant, pas besoin de travailler dans un milieu carcéral pour opprimer quelqu’un. Et nous l’avons tous fait à un moment donné ou à un autre. Soit par nos blessures portées et non libérées, par nos programmations limitatives, nos comportements dérangeants, qu’ils soient inconscients ou pas.
Nous sommes tours à tours oppresseurs et oppressés et lorsque que nous nous maintenons dans l’une ou l’autre de ces catégories, nous nous privons de notre humanité.
Beaucoup vont affirmer que les mots employés non pas d’importance. Que de toute manière c’est une question de perception chez qui les entends. Je suis d’accord avec ça, que tout est une question de perceptions. Mais sachant qu’une perception erronée chez une personne peut lui causer du tords, peut-on user de parcimonie avec les mots ainsi qu’avec nos comportements? User de délicatesse dans nos agissements et actions ne ferait-il pas de ce monde un monde meilleur ?
Je vous donne un exemple vraiment banal. Il en faut de peu pour aspirer vers le bas. Il m’est arrivé d’entendre une personne exprimer une forme de jugement sur un sujet particulier. Elle avait reçu une technique (fraichement apprise par une tierce personne) et était déçue et en parlait dans un groupe. À son avis, cette personne ne pratiquait pas adéquatement la technique et faisait vraiment beaucoup d’erreurs.
À ce moment, je suis tombée dans l’aversion. C’est comme si j’étais personnellement connectée à la peur d’agir avec cette technique et que je risquais d’être jugée à mon tour. Cette personne m’avait montré un côté d’elle qui jugeait facilement et qui manquait d’ouverture face aux premier pas d’apprentissage qu’il faut tous faire lorsque nous sommes ”nouveau” dans un quelconque domaine. Et pourtant ? N’a t’on pas tous débuté quelque part ? N’a t’on pas tous été nouveau un jour ? Elle également ? Mais c’est comme si elle avait oublié.
Parfois on arrive quelque part avec toute notre naïveté d’enfant, notre joie, notre innocence. Nous n’avons peur de personne car on pense rejoindre la ligue des gentils, des agréables, des positifs, des gens qui nous bref, on se sent avec des gens qui nous ressemblent. Faites des ponts avec vos propres histoires. Qui n’est pas arrivé un jour dans un projet, dans un nouveau travail, dans un groupe d’activités avec une confiance chargée à blocs ? Et puis on plonge dans le flot le coeur complètement ouvert, avec toute notre belle énergie, notre rayonnement et sans aucune protection ?
Imaginez. C’est comme entrer jouer dans une ligue de hockey amical. On y entre avec des patins mais sans aucune protection. Pas de pads, pas d’épaulettes, pas de casques et pas de gants. On se lance sur la glace le coeur en joie, car ce qu’on souhaite c’est jouer, s’amuser, s’enivrer de la sensation que ça nous procure.
Si nos éducateurs, nos expériences de vies ne nous ont pas enseigné la haine, la méfiance, on se lance sur la glace avec toute notre belle énergie et notre naïveté. Dans notre perception des choses, personnes ne nous frappera avec un bâton, personne ne nous plaquera dans la bande au risque de nous blesser. On est loin de penser qu’une personne de la ligue amicale nous cognera sur les doigts de toutes ses forces. Imaginez quand c’est le capitaine de la ligue en plus ? Alors quand ça nous arrive, on est totalement déstabilisé.
D’ailleurs, quand on regarde la société en générale, on demande toujours à celui qui reçoit un coup de bâton sur les doigts ce que ça lui fait, alors qu’on en a tous une bonne idée ! Mais pourquoi personne ne demande à celui qui frappe ? Celui qui donne le coup de bâton sur les doigts de l’autre ? Pourquoi ne lui demande t’on pas ce que ça lui a fait, à lui, de l’intérieur ? C’est quelque chose qui m’intrigue ! C’est quoi le feeling et la pulsion qui habite ? D’où ça peut venir cet élan de vouloir faire mal à tout prix ? De vouloir frapper ? Punir ? Détruire ?
Bref, les coups de bâtons conduisent au replis sur soi, à la fermeture et à la déchirure. On se coupe du reste de la ligue. On a qu’une envie, mettre de la distance entre nous et l’oppresseur pour ne plus recevoir des coups de bâton sur les doigts, pour ne plus être oppressé. À la prochaine partie, c’est une version de nous équipée de pads, d’épaulettes, de casque et de gants qui se lance sur la glace. On ne présentera plus une vraie version de nous. On est transformé à jamais, on perds confiance à notre capitaine, aux autres joueurs qui n’ont pas vu, et du coup, l’envie de jouer nous quitte petit à petit.
Alors qu’un beau potentiel existait, et ou toute la ligue avait de quoi s’amuser, s’éclater, en collaborant, en patinant dans un seul but commun, il vient d’avorter, pour l’attitude d’un seul joueur. Arrivez-vous à voir ici ce dont je parle ici ? Et si, à partir d’aujourd’hui, je regardais à l’intérieur de moi, voir ce que je porte et ce que j’amène avec moi, dans mes comportements relationnels ?
Quand je souffre, quand je me maintient dans les émotions inférieures, la peur, la culpabilité, le jugement, l’aversion, l’envie de punir, je crée à partir de ces émotions négatives et comme une personne qui se noie dans l’océan de ses tourments, j’entraine avec moi les autres joueurs. Quand je suis celui qui donne des coups de bâtons, les autres n’ont plus envie de jouer avec moi et je risque de me retrouver seul sur la glace à frapper dans le vide.
Quand j’opprime par mes mots, mes comportements, mes attitudes, je suis aussi en train de me déposséder de ma propre humanité autant que je dépossède l’opprimé. À méditer sérieusement, personne ne souhaite ni être opprimé, ni être oppresseur, du moins je l’espère. Soyons sérieux dans l’examen de notre conscience.
JUST BE ! 💙💙💙
Et le monde s’ajustera !